Introduction
En mars dernier, nous avons commencé une série d’articles comparant la suite d’outils PAO d’Adobe à sa suite concurrent directe : Affinity, de l’entreprise Serif. Le premier match opposait Adobe Illustrator à Affinity Designer, il est aujourd’hui temps d’opposer l’un des logiciels les plus connus au monde à son outsider le plus sérieux : Affinity Photo.
Il est impossible aujourd’hui de passer à côté du logiciel de retouche le plus connu au monde, Adobe Photoshop, à tel point qu’on l’utilise comme un néologisme : « photoshoper une photo ». Difficile donc de se mesurer au géant, de nombreux logiciels ont essayé et essayent encore, mais peu peuvent se vanter de s’en approcher. Affinity Photo pourra-t-il inverser la tendance ? Quels arguments pourrait-il avoir en sa faveur qui pourrait changer cet état de fait ? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui.
Un peu d’histoire avant tout
Adobe Photoshop
Adobe Photoshop, référence de l’édition de photos depuis sa sortie en 1990, permet comme évoqué précédemment de retoucher des visuels pixels (photos, etc.) à l’aide d’un ensemble d’outils et d’une interface pensée dans ce sens. Il fait partie du fer de lance des logiciels édités par Adobe, et propulsera l’entreprise Adobe parmi les plus grands éditeurs de logiciels.
Le travail sur ce logiciel commence dès 1987, quand Thomas Knoll, un étudiant de l’université de Michigan, décide de créer un programme pour afficher des images en niveaux de gris sur un écran monochrome. Son frère travaillant dans l’industrie de l’image perçoit le potentiel de ce logiciel et lui recommande d’en faire un logiciel d’édition de photo à part entière. Celui-ci attirera l’œil de sociétés comme Apple puis Adobe, qui décidera d’en acquérir la licence et de le distribuer dès l’année suivante. En 1990, la première version d’Adobe Photoshop verra le jour sur le système Macintosh, puis en 1992sur Windows.
Historiquement, Adobe Photoshop sera l’un des logiciels les plus piratés de tous les temps, ce qui contribuera aussi indirectement grandement à sa renommée. Adobe Photoshop sera ensuite le représentant le plus illustre de la Creative Suite en 2003, pour devenir Creative Cloud en 2013. Aujourd’hui, Adobe Photoshop suit son rythme de mise à jour annuel et en est à sa 24ème version.
Affinity Photo
Affinity Photo, l’outsider, existe-lui depuis 2015, lorsque Serif Europe a publié la première édition. Il fait suite au logiciel précédent de la suite Affinity, Designer, et se veut être le pendant pixel du logiciel d’édition vectoriel.
La promesse d’un concurrent sérieux et professionnel à Adobe lui a permis d’acquérir une certaine notoriété, d’autant que la promesse initiale de ne payer qu’une fois pour avoir les mises à jour à vie a fortement contribué à sa popularité.
Néanmoins, cette promesse est revue à la baisse à la sortie de la version 2 en novembre 2022, qui nécessite une mise à jour payante, justifiant par là que les “mises à jour à vie” ne valent que par version du logiciel.
Interface
L’interface est toujours un élément important lors de l’appréhension d’un nouveau logiciel, car les réflexes musculaires acquis après des années d’utilisation d’un logiciel ne s’effacent pas facilement. Sur ce point, comparons les deux interfaces
Affinity Designer 2
Adobe Illustrator CC 2023
Comme vous le voyez, les deux interfaces sont assez similaires, avec une boîte d’outils sur la gauche, une barre supérieure adaptative selon l’outil sélectionné, et un ensemble de palettes permettant d’accéder à des fonctionnalités spécifiques. Pourtant, les deux partagent une vision différente de l’interface.
Adobe a ce qu’il appelle des espaces de travail, qui sont une collection de palettes prédéterminées, qui pourront permettre un accès rapide selon des besoins spécifiques (Mise en forme, Impression, Web, etc.). Affinity va plus loin dans ce concept en mettant en place ce qu’il appelle des Persona.
Ces personae sont des espaces de travail également, mais plus poussés, car permettant d’aller jusqu’à la modification des outils possibles, au-delà de simplement réorganiser les palettes. Ainsi, selon les besoins, on pourra choisir :
- Photo Persona : Le Persona par défaut pour la retouche photo : recadrage, sélection, pinceau, retouche, gomme, déformation et outils vectoriels.
- Liquify Persona : Un excellent environnement de conception pour la distorsion de zones d’image. Idéal pour la retouche et les effets de déformation spéciaux.
- Develop Persona : Pour le développement d’images Raw au sein de l’application, avec un contrôle complet sur la couleur et du ton de l’image. Idéal pour les photographes souhaitant traiter de l’image native
- Tone Mapping Persona : Un environnement dédié au mappage des tons des images.
- Export Persona : Pour exporter votre image ou des zones spécifiques de votre image sous différents formats d’image exploitables (pour le Web, l’impression, etc.).
Pixel Persona
Designer Persona
Fonctionnalités
Interface
Point pour Photo. Les différents environnements de travail (personas) de la suite Affinity en font un outil qui permet de se concentrer sur la tâche à devoir effectuer, et dont l’ensemble de l’interface, des outils aux palettes, permettent de tirer le maximum de l’outil en permettant de conserver une approche simple et directe. L’un des principaux reproches pouvant être fait à Adobe Photoshop pour un néophyte et la complexité de son interface, Affinity Photo a su se démarquer du lot et de ses concurrents en proposant une interface à la fois complète et ergonomique.
Ecosystème
Égalité. Si la grande force d’Adobe réside également dans son écosystème, où les logiciels se répondent les uns les autres et permettent une grande interopérabilité, Affinity prévoit en amont que la transition peut être complexe quand son flux de travail est déjà déterminé, notamment à l’aide d’outils externes (plug-ins) qu’on peut ajouter à Photoshop, et à son format de fichier natif, le .PSD. Affinity évite ces écueils en proposant une compatibilité large en termes de plug-ins, et une ouverture/export dans le format natif d’Adobe Photoshop.
Néanmoins, Adobe Photoshop s’inscrit dans une suite plus large comprenant des éléments supplémentaires et complémentaires comme Adobe fonts, qui est une collection de polices d’écriture activables en un clic depuis le logiciel, ou encore Adobe Stock, anciennement Fotolia, qui est une banque d’images libres de droit de haute qualité permettant de pouvoir enrichir ses compositions.
Intelligence artificielle
Point pour Photoshop. Si l’intégration de contenu automatique dans le logiciel d’Adobe en font un outil particulièrement agréable pour les retouches au sein des images depuis déjà plusieurs années, on peut également évoquer les avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle d’Adobe, dont le projet Adobe Firefly devrait propulser encore un peu plus loin cette manière de travailler dans l’édition de contenu.
Version tablette
Point pour Photo. Sans conteste pensé à la fois pour une version tablette et ordinateur, les logiciels de la suite Affinity sont sans conteste bien plus ergonomiques et adaptés aux différents périphériques mobiles comme l’iPad. Pour des outils pensés pour des graphistes ayant l’habitude de travailler avec des tablettes graphiques et souhaitant passer sur une tablette tout court, ce point peut avoir son importance.
Conclusion
Si les deux logiciels jouent aujourd’hui dans la même cour, il faut encore reconnaître un avantage pour Adobe Photoshop, en termes d’intégrations et d’outils existants. Néanmoins, Affinity Photo est aujourd’hui une alternative très sérieuse avec un rapport qualité/prix incontestable, et possède pour lui de très nombreux avantages, notamment une vitesse supérieure de traitement, et une version tablette aujourd’hui supérieure au produit d’Adobe.
Les deux logiciels sont très bons, et bien que nous formions sur Adobe Photoshop uniquement pour le moment, nous ne fermons pas la porte aux possibilités de former également à l’avenir sur les outils Affinity de Serif.
Et vous, quel outil utilisez-vous au quotidien, ou pour quel outil comptez-vous pencher dans les mois à venir ? N’hésitez pas à nous le dire dans les commentaires !
Article écrit par Fabien Coo